L'île aux oiseaux

Toi qui ne crois pas aux églises
Un jour tu m’as rapporté cette photo
Aux couleurs vives des marquises
Dans un temps noyé sous les eaux

Tu m’as raconté ces piliers droits et forts
Face au dehors sans rage
Cette porte ouverte sur une mer de remords
Sans vue sur les rives d’esclavages

L’île aux oiseaux
Prisonniers de leur cage noire comme la couleur de leur peau
L’île aux oiseaux

Des cellules aux portes bleues ou vertes
Comme la couleur de l’eau
De la mer, du ciel sans nuage
Dans ce pays au soleil chaud

On triait des gens sans bagage
Asservis pour un pays nouveau
Sans se soucier de cette entreprise d’élevages
Comme s’il s’agissait d’animaux

L’île aux oiseaux
Prisonniers de leur cage noire comme la couleur de leur peau
L’île aux oiseaux

Combien de morts au bout du voyage
A fond de cale, torturés aux creux des os
Par cette traite sauvage
De ceux qui se pensaient les moins sots ?

Combien d’orphelins, de cœurs en veuvages,
De chagrins sans goutte face aux bourreaux ?
Tant de colombes blessées, sans âges
A cause d’un plumage couleur corbeaux

L’île aux oiseaux...
L’île aux oiseaux
Brisera ses chaînes noires comme la couleur de leur peau
Naîtra la musique de l’espoir dans ce monde nouveau
L’île aux oiseaux…

2005